Chute ou accident dans un hypermarché : qui est responsable ?
Glissade sur une feuille de salade, heurt contre une vitre ou un présentoir mal signalé, chute sur un sol glissant…, les hypothèses d’accidents dans un hypermarché sont légion, et les conséquences dommageables qui en résultent sont bien trop fréquentes.
Que faire en pareilles situations ? Dans quelle mesure le magasin engage-t-il sa responsabilité ? Comment obtenir l’indemnisation de ses préjudices ?
Etat du droit positif :
La question de la mise en jeu de la responsabilité des hypermarchés a fait l’objet ces dernières années d’un rebondissement remarqué, dans un sens malheureusement peu favorable aux victimes.
En effet, désormais en l’état actuel de la jurisprudence, le simple fait pour un client de se blesser dans un hypermarché ne suffit plus à engager systématiquement sa responsabilité.
Fort heureusement, si les conditions d’engagement de la responsabilité du magasin ne sont pas remplies, la victime pourra tenter d’obtenir l’indemnisation de ses préjudices au moyen de sa Garantie des Accidents de la Vie s’il en a souscrit, à condition de remplir les conditions prévues par le contrat, notamment en terme de seuil de déclenchement de la garantie.
Il reste ainsi toujours plus avantageux d’un point de vue indemnitaire de parvenir à engager la responsabilité de l’hypermarché où s’est produite la chute.
Fondement et conditions d’engagement de la responsabilité :
Alors qu’en 2017, la Cour de cassation avait consacré une obligation de sécurité de résultat à la charge des hypermarchés, la Haute juridiction a décidé trois années plus tard de revenir sur ses pas et d’opérer un important revirement de jurisprudence.
En effet, depuis le 09 septembre 2020, les règles sont les suivantes :
la responsabilité de l’exploitant d’un magasin dont l’entrée est libre, ne peut être engagée à l’égard de la victime d’une chute survenue dans ce magasin et dont une chose inerte serait à l’origine, que sur le fondement de l’article 1242 alinéa 1er du Code civil, à charge pour la victime de démontrer que cette chose placée dans une position anormale ou en mauvais état, a été l’instrument du dommage.
Que faut-il comprendre
Avant 2020 : l’hypermarché engageait systématiquement sa responsabilité dès lors qu’un client chutait dans son magasin considérant que puisqu’il y avait eu chute, son exploitant avait forcément manqué à son obligation de sécurité de résultat en ne mettant pas correctement en œuvre toutes les mesures de précaution pour protéger les clients. La victime était donc nettement avantagée d’un point de vue probatoire.
Depuis le 9 septembre 2020 et pour l’heure : en cas de chute, c’est le régime de la responsabilité du fait des choses qui trouvera à s’appliquer, avec son lot de conditions à remplir, plaçant la victime dans une position beaucoup plus délicate qu’auparavant. Le fondement juridique d’engagement de la responsabilité civile d’un hypermarché passe donc du fondement contractuel (obligation de sécurité de résultat) au fondement délictuel du droit commun.
Autrement dit, désormais c’est à la victime de prouver que la chose à l’origine de sa chute avait une position anormale. Et la tâche s’avère parfois ardue !
Tout ceci implique de démontrer que la chose a bien été l’instrument du dommage. De là, une distinction doit encore s’opérer selon le rôle actif ou passif joué par la chose :
- Si la chose à l’origine du dommage était en mouvement, le simple contact entraînant le dommage suffira à engager la responsabilité du gardien de la chose (en d’autres termes du magasin).
- Si la chose est inerte ou immobile, la victime devra prouver que la chose est intervenue dans la réalisation de son dommage mais qu’en plus, elle était défectueuse ou se trouvait dans une position anormale.
Aussi, il est possible qu’un partage de responsabilité s’opère, exonérant partiellement le magasin de sa responsabilité, en cas de faute de la victime ayant contribué à la réalisation du dommage, ou de transfert de la garde de la chose à cette dernière (ex : chariot de courses).
Conseils pratiques : éléments de preuve
En cas de chute dans un hypermarché, il est conseillé de récupérer la copie de la déclaration d’accident établie en présence du responsable du magasin.
Il convient également de prendre des photographies afin de figer en quelque sorte la scène et permettre ultérieurement de mieux comprendre les circonstances de l’accident (sol glissant, détritus alimentaires au sol, etc.).
Le témoignage de la victime ainsi qu’idéalement des attestations de témoins (et leurs coordonnées) décrivant le plus précisément possible les faits ainsi que le mauvais état ou le positionnement anormal de la chose à l’origine de la chute, seront versés au dossier afin de corroborer et appuyer les dires de la victime.
En cas d’intervention des pompiers, il conviendra également de récupérer le compte-rendu d’intervention. De même, en cas de blessures, il sera très important de les faire constater médicalement et d’obtenir le cas échéant un certificat d’ITT. Tous ces éléments auront pour objectif d’établir de manière incontestable l’origine et les conséquences de la chute, et donc les responsabilités.
Procédure d’indemnisation : quelles démarches ?
La déclaration d’accident établie en double exemplaire et cosignée par la victime et le gérant, devra être adressée à l’assureur responsabilité civile professionnelle de l’hypermarché afin d’ouvrir un dossier sinistre et entamer dans un premier temps les négociations amiables en vue d’aboutir à l’indemnisation des préjudices.
Un expert sera mandaté par l’assurance adverse afin de déterminer l’étendue des préjudices subis et déposera un rapport, permettant de chiffrer le montant de l’indemnisation.
Il est également important que la victime ne tarde pas pour déclarer le sinistre auprès de son propre assureur, qui pourra le cas échéant lui aussi mandater un expert pour l’examiner.
Il est fortement recommandé à la victime de se faire assister par un médecin conseil à l’occasion de ces expertises, puis par un spécialiste de l’indemnisation des préjudices corporels, afin de défendre aux mieux ses intérêts.
En cas d’inertie ou désaccord avec la compagnie d’assurance, il sera toujours possible de porter la cause en justice et solliciter la condamnation de l’hypermarché à indemniser la victime.
Commentaires (4)
Bonjour
En décembre dernier, j’ai été victime d’un accident sur le parking d’une grande surface, j’ai glissé sur une sur une surface non antidérapante J’ai subi deux interventions suite à cette chute puisque, je me suis cassé l’humérus et le radius.
J’ai fait les démarches auprès de mon assurance qui a été intervenue auprès de l’assurance adverse. Or je reçois un courrier aujourd’hui qui me dit que l’assurance adverse ne veut pas donner suite à la demande d’indemnisation, d’autant que je n’ai pas de témoins. Que puis-je faire Pour pallier à ce à ce manque et pour obtenir réparation ?
L’assurance adverse indique rechercher la responsabilité d’intérêt que dans la mesure où la matérialité des faits est établi, l’absence de témoins direct ne vous permet pas de corroborer. Les dires de votre assurance de votre assuré ne peut se constituer de preuve à lui-même. Ainsi je ne peux répondre favorablement à votre demande, voilà ce qui était adressé à mon assureur, je ne comprends pas étant donné que. Le lendemain de mon accident, une amie a été prendre des photos de l’endroit où j’étais tombé et le l’hypermarché à positionner sur cet endroit, même un panneau attention sol glissant donc je, il me semble que là la grande surface reconnaît quand même son son implication dans ma chute de tant que lorsque j’ai appelé la direction du magasin, il m’a été indiqué que ce panneau indicatif resterait en place jusqu’à ce qu’une solution définitive, soit trouvé pour pallier à d’autres chutes éventuelles.
Pouvez-vous me dire si je dois si je peux agir par ailleurs ailleurs pour obtenir réparation puisque je suis handicapé avis de mon bras gauche merci d’avance
Eychenne,
La situation que vous décrivez entre bien dans le cadre de la responsabilité civile du magasin, qui a une obligation de sécurité envers ses clients.
Sachez que même en l’absence de témoins directs, vous pouvez réunir différents éléments :
– Les photos prises par votre amie, surtout si elles montrent l’endroit dangereux et le panneau « sol glissant » posé juste après. Cela peut démontrer que le magasin a reconnu l’existence d’un danger.
– Vidéos de caméra de surveillance du magasin
– Rapport d’intervention des Pompiers
– Vos dossiers médicaux (rapports opératoires, certificats médicaux, arrêts de travail).
– Les éventuelles factures, frais, perte de revenus liés à votre accident.
Dans votre situation des recours sont possibles de différentes façons et sous certains critères : en responsabilité civile du magasin, en saisissant la CIVI, dans le cadre de contrat d’assurance personnel tel qu’un contrat protection juridique ou garantie accident de la vie…
La société REDAC RECOURS peut vous conseiller et vous orienter au mieux dans votre situation. N’hésitez pas à nous contacter directement au 04.93.95.25.53 pour que nous puissions vous faire part d’un avis précis, objectif et gracieux !
Bj
Ma mère a été victime le 1et septembre 2020 d’une chute dans un hyper marché . une palette de chargement à demi vide et dissimulée par un roll.
Hospitalisation. Intervention
Déclaration accident
Expertise medicle judiciaire préjudice 10.000 euros.
Pas de réponse de l’hyper marche pas de remboursement par les assurances.
Le dossier est depuis plus un an sur le bureau de la médiation des assurances ….
Cordialement
Charmolue,
En raison de la particularité de votre dossier ainsi que de son ancienneté, il serait souhaitable que nous puissions discuter de vives voies avec vous.
Nos services sont à votre disposition au 04.93.95.25.53.
Nous pourrons alors vous donner toutes les informations utiles pour la gestion de votre dossier.
Restant à votre disposition,
Nos meilleures salutations.